samedi 25 novembre 2006

Marc Z. DANIELEWSKI








La maison des feuilles
Plusieurs narrateurs, plusieurs récits, parfois écrasés par des notes géantes, ne
laissant plus la place au texte,elles mêmes surchargées de notes également.
Le tout écrit avec des typographies et des polices de caractères diverses ! Parmi les notes, certaines vraies : citations d'auteurs, de films....et d'autres fictives !


Trois principaux narrateurs :


Tout d'abord Johnny TRUAND accompagné de son ami Lude. Johnny nous conte au fil des jours sa vie de paumé et de défoncé.Lude lui parle de ZAMPANO l'aveugle qui vient de mourir. Véritable "Homère" il a consacré son temps à l'étude du "Navidson Record" film de Will NAVIDSON. La longue critique de ce film d'épouvante évoque à la fois le "Projet Blair Witch", les dessins d'Escher, les sous-sols du "Kingdom Hôpital" de Lars Von Trier et la "Maison du Diable" de Robert Wise..., le tout éparpillé sur d'innombrables morceaux de papiers, de tous formats et sur tous supports.Will (reporter photographe) et sa famille décident d'acheter une maison en Virginie afin de trouver la paix et l'apaisement au sein d'une nouvelle vie.


Le quatrième narrateur:


Il intervient sur la fin du livre : PELAFINA, la mère de Johnny enfermée dans un asile psychiatrique, qui incarne la quatrième voix à travers ses lettres.L'histoire commence :Comme envoûté, Johnny récupère les papiers épars de Zampano, et décide de consacrer de plus en plus de son temps à la mise en forme du manuscrit : l'étude approfondie du film documentaire et du cours métrage "Le couloir de 5mn1/2" de Navidson.


Figure principale du roman :
La maison :
Les occupants ne tardent pas à réaliser avec curiosités et angoisse que la maison est plus vaste à l'intérieur qu'à l'extérieur, puis que cette anomalie géométrique n'est pas stable :
la maison crée des labyrinthes, s'agrandit , se rétrécit, des couloirs apparaissent, disparaissent.
La dimension fantastique se trouve non pas dans les personnages mais dans la maison elle-même qui semble animée d'une vie propre mais dont la compréhension échappe à la raison, le froid, l'obscurité, les parois qui dévorent la matière lui confère une dimension mortifère.
C'est l'éclatement des repères, de la notion rassurante d'un espace maîtrisé et humain que représente habituellement une maison.
Comme par un effet miroir tel la maison et ses couloirs labyrinthes, froids et sans fond , la notion d'espace polymorphe se retrouve dans le livre objet : le texte change de format, de position (à l'envers, en miroir,en V.O., en braille, barré..et même en code!), un seul mot ne varie jamais et reste en bleu, c'est le mot maison.
L'auteur éclaire cette étrange maison de multiples références qui se superposent et s'entre-mêlent ( mythologiques,scientifiques, littéraires, artistiques...) amenant à différents niveaux de lecture et d'interprétation sans jamais en privilégier un .Pourtant tout est fait pour amener progressivement le lecteur à calquer une lecture freudienneidentifiant la descente du labyrinthe à un voyage d'introspection dans sa propre psyché .


L'écriture :
La tension est savamment orchestrée et rien n'est là par hasard.
Il devient vite impossible de lâcher une histoire pour en suivre linéairement une autre,Il est indispensable de lire le tout en parallèle et en continu. Cette Maison des Feuilles peut paraître de par sa forme, un peu pénible à lire à certains notamment au début.........mais petit à petit tout s'imbrique. Danielewski dose ses effets, nous intrigue et nous tient jusqu' aux dénouements.
Malgré ce, le texte/livre est impossible de résumer tant les commentaires s'ajoutent et se commentent à leurs tour créant une dynamique de sens auto-alimentée qui semble infinie évoquant une spirale sans fin dans laquelle le lecteur s'il ne se perd pas alimente la production. Danielewski confiait lors d'un entretient :Il faut entrer dans le livre... et dans la maison...la maison est un grand écran noir où l'on peut voir ses proprespeurs. Les lecteurs deviennent, en fait, des co-écrivains...C'est un livre au style nouveau, intéressant et original.

A lire......si possible dans le froid!

L' Auteur Mark Z. Danielewski né à N.Y. en 1966 est le fils du cinéaste d'origine Polonaise Tad Danielewski : résistant pendant la 2eme guerre mondiale, qui fût déporté dans les camps , on lui doit entr'autre l'adaptation deHuis clos de Sartre en 1962 , il est mort en 1993.C'est a peu près à cette date que l'Auteur a commencé à écrire.Annie Danielewski est sa sœur, née en 1968 à N.Y. elle prend pour nom de scène Poe . Pour son 2em disque, après la mort du père, elle s'inspire des bandes audio du père, ainsi que du livre de son frère "La maison des feuilles", pour créer "Haunted", véritable bande V.O. du livre.

1 commentaire:

in-folio a dit…

Oui, je sais : le livre La Maison des Feuilles est épuisée. Il faut le chercher chez les bons bouquinistes ... ou sur internet ...
Un conseil : si vous voulez ce livre et que vous le croisez sur un étal ( à un prix correct!!! ) achetez-le, d'expérience de bouquinistes il ne reste pas plus de 48h en vitrine.